Devant la mesquinerie des augmentations salariales proposées par la direction, les élus CFE-CGC et l’intersyndicale du géant de l’intérim appellent à une grève nationale le mardi 5 mars.
Des centaines de millions d’euros pour les actionnaires, seulement 7 millions d’euros pour les salariés. Telle est l’équation financière du « partage de la valeur » chez Manpower France. L’entreprise dont le siège mondial est aux États-Unis à Milwaukee (Wisconsin) fonctionne comme une planche à billets quand il s’agit de verser des dividendes. En revanche, elle a des oursins dans les poches lorsqu’il s’agit de rétribuer le travail de ses salariés français. « On est bien loin du 1/3 du résultat pour les actionnaires, 1/3 pour les salariés, 1/3 pour l’investissement, répartition prônée dans les sphères gouvernementales », soupire Pierre Personne, délégué syndical central adjoint de la CFE-CGC Manpower et ancien délégué national de la Confédération.
NÉGOCIATION ANNUELLE OBLIGATOIRE ET CHANTAGE À LA SIGNATURE
Un homme qui en a vu d’autres et qui, cette fois, ne cache pas son mécontentement : « L’année dernière, Manpower France a fait plus de 100 millions d’euros de résultat net après impôt. Aujourd’hui, à la suite de la négociation annuelle obligatoires (NAO) qui a vu la DRH faire du chantage à la signature, la direction France décide de distribuer 7 millions d’euros aux salariés… Uniquement en augmentations individuelles, ce qui fait que 30 % des salariés ne toucheront rien. »
Une fois n’est pas coutume, dans un métier composé de petites structures (600 agences de 3-4 personnes en France), où faire grève se paie cher en perte de revenus et en travail à rattraper ensuite, l’attitude de la direction a déclenché une réaction massive des salariés. Une pétition nominative, initiée par l’intersyndicale CFE-CGC, CFTC, UNSA, CFDT, CGT, portant sur le mécontentement lié aux NAO et comportant un appel à la grève le mardi 5 mars 2024, a déjà recueilli près de 1 000 signatures, sur 3 500 salariés permanents en France, fin février.
L’INTERSYNDICALE MULTIPLIE LES ACTIONS
L’intersyndicale a multiplié les actions : manifestations les mardi 6 et mercredi 7 février au pied du nouveau siège social de Manpower France à La Défense (photo ci-dessus) ; manifestation surprise des salariés de l’ouest de la France à Nantes, le mercredi 21 février ; appel à la grève nationale le mardi 5 mars. Sans compter toute une série de tracts, dont un document de 4 pages élaboré par la CFE-CGC qui retrace toute la problématique en détail.
« C'est la première fois depuis plus de 20 ans que les organisations syndicales représentatives (OSR) se mettent d'accord sur une revendication commune à la suite d’une NAO qui propose un partage de la valeur indigne en allouant seulement 4,5 % du résultat net 2023 de l'entreprise », commente Tania Dauchy, déléguée syndicale centrale CFE-CGC chez Manpower et conseillère prud'homale à Nîmes.
Il est vrai que le déroulement des événements laisse songeur. La NAO s’est terminée sur une ultime proposition de la direction accordant, pour l’essentiel, 1,5 % d’augmentations individuelles et 1,2 % d’augmentation générale, au 1er juillet 2024 dans les deux cas, avec des primes allant de 500 à 1 000 euros selon l’ancienneté. À prendre ou à laisser, puisqu’en cas de refus de signature par les OSR, la mesure unilatérale serait une augmentation individuelle de 3 % au 1er juillet. Du chantage pur et simple.
LA CFE-CGC MONTE AU CRÉNEAU
De son côté, la CFE-CGC réclame une augmentation générale de 3 % au 1er mars 2024 pour tous les salariés de Manpower France des niveaux A à J, une enveloppe de 3 % de la masse salariale en augmentations individuelles au 1er juillet, ainsi que des mesures complémentaires concernant les promotions, les déplacements des commerciaux, les tickets restaurant, les abonnements aux transports publics, la mise en place d’une épargne retraite collective, etc.
Dans sa communication, la CFE-CGC insiste sur le fait qu’elle comprend bien « qu'une entreprise est là pour faire du business mais du business qui serve l'intérêt de la communauté et non pas celui de quelques-uns. Force est de constater qu'aujourd'hui on a des gestionnaires financiers, plus guidés par la bonne réponse à donner à Milwaukee à l'instant T que par une vision de l’entreprise. Ils sont salariés (comme nous) et nous dirigent avec mépris. »
Gilles Lockhart
source :cfecgc.org