Données personnelles : Meta contraint de repousser le lancement de son IA en Europe

Publié le 17 juin 2024


Le groupe de Mark Zuckerberg doit suspendre la sortie de son assistant Meta AI après avoir été rappelé à l’ordre par les régulateurs sur son projet d’exploiter les publications de ses utilisateurs européens.

Les Européens devront encore attendre avant de pouvoir utiliser Meta AI. Lancé en septembre dernier aux États-Unis, cet assistant intelligent intégré à Instagram, WhatsApp et Messenger, capable de répondre à des questions ou de générer des images, devait se lancer prochainement au sein de l’Union. Mais le groupe Meta a annoncé vendredi devoir suspendre son projet après avoir été rappelé à l’ordre par les autorités de protection des données personnelles.

«Nous sommes déçus par la demande de la Commission irlandaise de protection des données (DPC), notre principal régulateur, de retarder l'entraînement de nos grands modèles de langage à l'aide de contenus publics partagés sur Facebook et Instagram», écrit la firme dans un billet de blog. «Il s'agit d'un pas en arrière pour l'innovation européenne, la concurrence dans le développement de l'IA et des retards supplémentaires pour apporter les avantages de l'IA aux Européens.»

 

Une notification polémique

Tout est parti d’une notification envoyée début juin aux utilisateurs européens des réseaux sociaux de Meta. Elle indiquait que les contenus publics publiés par les utilisateurs européens (textes, photos, vidéos...) seraient utilisés à partir du 26 juin par Meta pour entraîner ses modèles d'intelligence artificielle. Et ce quasiment par défaut.

De quoi secouer les fervents défenseurs de la vie privée en Europe. L’association autrichienne Noyb a immédiatement déposé plainte dans 11 pays auprès des autorités de protection des données en Europe. Meta avait alors souligné qu’il était possible pour ses utilisateurs européens de demander à ce que leurs données personnelles ne soient pas exploitées. Mais ce coup de frein marque une nouvelle étape.

La multinationale s’est justifiée sur l’exploitation du contenu partagé par ses utilisateurs européens, comme les commentaires, les photos ou les stories. «Pour dire les choses simplement, si nous n'incluons pas d'informations locales, nous ne pourrons offrir aux gens qu'une expérience dégradée. Cela signifie que nous ne pouvons pas lancer Meta AI en Europe pour le moment», écrit le groupe. «Nous sommes convaincus que notre approche est conforme aux lois et réglementations européennes. L’entraînement des modèles d’IA n'est pas propre à nos services, et nous sommes plus transparents que nombre de nos homologues du secteur.»

Un projet suspendu mais pas annulé

Le régulateur irlandais se félicite de cette décision «de suspendre le projet d’entraînement utilisant des contenus publics partagés par des adultes sur Facebook et Instagram dans l’Union européenne et l’Espace économique européen. Cette décision fait suite à des échanges avec Meta.» L'autorité assure continuer à dialoguer avec Meta, en coopération avec les autres autorités de protection des données du continent.

L’association Noyb ne relâche pas sa vigilance et assure ainsi suivre de près les prochaines évolutions de la multinationale. «Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de modification officielle de la politique de confidentialité de Meta», pointe Max Schrems, président de l'association autrichienne. «Les plaintes que nous avons déposées sont en cours et devront faire l'objet d'une décision.»

 

Serait-ce la fin de Meta AI en Europe ? Loin de là. La multinationale affirme vouloir importer sa technologie et que le projet, s’il est suspendu, n’est pas annulé. «Nous continuerons à travailler pour que les Européens aient accès au même niveau d'innovation en matière d'IA que le reste du monde» tonne Meta, qui souligne utiliser ce délai pour répondre aux autres demandes des régulateurs.

Source : Le Figaro du 14-06-2024